FANTOME, c’est une affaire de famille qui ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans ses proches ni sans ses amis. C’est donc une histoire qui se raconte avec le cœur. C’est un concentré d’engagement, un concentré d’émotions, un concentré de combats, un concentré d’espoirs, un concentré de Do It Yourself.
Alors, si vous êtes à la recherche de quelque chose d’impersonnel, passez votre chemin. C’est une histoire professionnelle qui ne peut être dissociée de nos histoires personnelles. C’est comme ça avec les petites entreprises familiales. C’est comme ça pour les créateurs passionnés. Chez nous, on ne dissocie pas l’Homme de l’artisan.
Tout a démarré par une envie : celle de créer entre membres d’une même famille : deux parents et leurs deux enfants.
Chacun des membres de la famille ayant pourtant déjà des activités professionnelles, on décide de se lancer dans une nouvelle aventure.
– Charles le père, tient la boutique multimarque engagée dans le local, le bon, et le respectueux à Bordeaux, w.a.n. .
– Michèle la mère, est spécialisée dans la vente d’articles pour les beaux arts et dans le matériel pour loisirs créatifs.
– Steven le fils, est artiste peintre dans les Landes.
– Jennie la fille, est batteuse-chanteuse dans un duo rock et créatrice de poupées de chiffons, les Fluffy Jack Dolls dans les Yvelines.
Après une réunion dominicale dans la maison familiale girondine, voici de qui allait se construire : une marque engagée, artisanale, made in France. Notre défi sera de proposer une mode alternative qui n’exploite
– ni l’humain
– ni les animaux
– ni les ressources de notre planète.
Cette marque sera donc Made in France, sans matière d’origine animale, en recyclant/surcyclant les matières déjà existantes, mixées à des matières végétales si possible locales.
C’est ainsi que nous sommes devenus les spécialistes du SUR-cyclage.
La proposition de sacs et accessoires de maroquinerie exemptes de peaux d’animaux se limitait presque à des articles en toile de PVC.
N’y aurait-il pas une solution plus durable ?
Notre planète ne croule-t-elle pas déjà sous le plastique ?
C’est ainsi que la chambre à air de vélo a pris une place de choix dans nos collections. C’est un déchet qui existe localement en grande quantité et qui ne bénéfice pas de circuits de recyclage.
Les ateliers de confection que nous avons rencontrés à l’époque n’ont pas souhaité relever ce défi ambitieux avec nous. Alors on s’est retroussé les manches et on a monté notre propre atelier dans le 33, dans une des pièces de la maison familiale.
On a créé notre propre réseau de récupération de chambre à air, localement. On s’est mis derrière les outils et la machine avec nos propres mains. Une vrai « MANU-facture » artisanale 😉 Nous avons apprivoisé les boyaux de vélos et mis en place les techniques de nettoyage, de tri, de découpe et de confection.
Il n’y a pas de formation à l’artisanat du surcyclage, nous sommes tous des autodidactes.
– Steven a trouvé le nom et en a dessiné le logo.
– Michèle et Jennie se sont mises à la création et à la confection des modèles et Jennie développe la marque en ligne (site, réseaux sociaux)
– Charles s’est rapidement trouvé à l’aise en tant que logisticien, spécialiste du tri des chambres à air, contrôle qualité et distributeur.
Pas d’exploitation de l’animal
Privilégier le SURcyclage, le REcyclage et les matières végétales locales.
Made in France
Précurseurs en France, une grande partie de notre travail consistait à informer. Les ventes étaient timides car les clients sceptiques. Pour les français, le SURcyclage se faisait dans les pays « lointains ». Récupérer nos propres déchets était un sujet qui pouvait mettre mal à l’aise.
Mince, l’humain, cette espèce si évoluée, serait donc un créateur de déchets ?
Mince, l’industrie de l’habillement et du luxe est un désastre écologique et le cuir ne provient pas d’un animal mort de sa belle vie? Le respect de toute vie sur Terre n’était pas du tout un sujet important. L’impact positif ou négatif que peut avoir notre consommation est un combat qui n’intéresse pas la majeure partie des humains.
Steven doit se focaliser uniquement sur son art pictural, en plein essor. Nous continuons à trois et Michèle se consacre pleinement à la confection des sacs et accessoires FANTOME à l’atelier. Nos clients sont de plus en plus nombreux et nous trouvons de nouveaux points de vente à travers la France. Avec une artisane vannière, nous créons des paniers en osier et chambres à air tressées. Une pépite d’élégance. Ce modèle nous donnera beaucoup de visibilité dans les magazines.
Au fur et à mesure des collections, nos articles deviennent de plus en plus engagés dans le « consommer mieux ». FANTOME est à ma connaissance la seule marque de maroquinerie tellement jusqu’auboutiste que même notre fil de couture est 100% recyclé. Aucune colle n’est utilisée dans la confection FANTOME, encore aujourd’hui. Les matériaux utilisés proviennent tous de France ou d’Europe.
La demande de sacs véganes grandi. Le made in France est sur le devant de la scène. Le recyclage et le surcyclage ont même leurs émissions déco à la TV. Ces sujets sont importants dans le cœurs des français. La collection répond aux personnes engagées comme nous pour le respect sous toutes ses formes. La force de notre collection est d’être créée par deux générations différentes. Notre clientèle est unisexe et notre style parle aux personnes de 18 à 68 ans. De nouvelles boutiques sont intéressées par FANTOME, jusqu’en Nouvelle Zélande. Nous expédions partout dans le monde via les ventes internet, et Jennie participe a une petite dizaine de salons par an en France.
Jennie partage maintenant son temps de travail et création à 50/50 entre la région parisienne chez elle (recherche, communication, quelques prototypages + activité de musicienne) et la région bordelaise à l’atelier avec Michèle et Charles (pour la production à l’atelier).
Toujours à la recherche des meilleures alternatives locales, nous sommes tombés amoureux du lin. La France est le premier producteur mondial. Cette belle plante à la fleur délicate donne une fibre végétale aux multiples propriétés très intéressantes, encore plus pour une végane comme moi. Pourquoi portons nous le lin l’été ? Car il régule la température ! Si cela fonctionne dans un sens, cela devrait également fonctionner dans l’autre, non ? EXACT! C’est banco pépito : quand il fait chaud, on n’a pas chaud, quand il fait froid, on n’a pas froid. Pour une végane comme moi qui ne porte donc pas de laine, c’est testé, approuvé, amouraché !
C’est ainsi que s’est développé depuis 2018, en parallèle de la maroquinerie en chambre à air de vélo, la collection de chaussettes en lin, toujours made in France. Mais cette fois-ci, on crée les designs et on fait appel à une Entreprise du Patrimoine Vivant Français (EPV). FANTOME expose également sur un salon en Belgique et aux Pays-Bas.
On peut dire que l’avenir de FANTOME est prometteur. Nous avons atteint la trentaine de revendeurs à travers la France et le monde. Nos ventes par internet sont grandissantes et les salons nous assurent une bonne promotion. On continue d’agrandir nos collections de sacs et accessoires ainsi que de chaussettes en lin. Nous commençons à avoir du mal à tenir la cadence ! Mais notre travail d’endurance et de communication paye, la qualité FANTOME est reconnue. Nous ne sommes pas les seuls à proposer de la maroquinerie en chambre à air de vélo, mais nous sommes fiers de proposer une qualité fiable et un style très pointu.
Cette année a été, comme beaucoup de marques engagées, difficile. On tient comme on peu, grâce à notre manière de fonctionner « slow », sans s’endetter. La boutique w.a.n., avec les fermetures à répétitions tient également comme elle le peut.
Le milieu de la musique est à l’arrêt aussi, et le temps qui m’est « donné » sera consacré à la recherche et développement de nouvelles gammes d’accessoires. C’est ainsi que sont apparus les chapeaux et foulards 100% made in France avec la création d’un textile coton recyclé et lin ainsi qu’un jacquard de coton bio et lin, une première mondiale ! Je dessine et donne encore une fois toute confiance aux entreprises EPV dynamiques pour la confection. A chacun sa spécialité !
La vannière avec qui nous travaillions doit arrêter son activité. Le hasard fait que c’est au même moment qu’un concept store nous contacte pour habiller son parc de vélos et scooters électriques. Il souhaite des sacs et contenants stylés, locaux et inédits. Ils commandent de belles quantités de sacs FANTOME et nous développons ensemble une gamme de paniers en métal et tressage de chambre à air. Tous seront fixés sur les deux roues.
Suite au confinements à répétition, l’état propose une aide au développement digital. Nous pouvons ainsi investir dans un nouveau site internet FANTOME, plus performant au niveau du référencement.
En début d’année, on sort une version revisitée de notre collection de sacs et accessoires réalisée avec des chambres à air très rares, à bulles. Tout se vend en 48h. Au vu du succès de cette édition, nous la réitérons pour les fêtes de fin d’année, avec des précommandes.
On ne lâche rien malgré la difficulté de maintenir un bon réseau de distribution. Les boutiques n’ont pas toutes tenues, certains des salons auxquels nous participions à travers la France ont dû se mettre en pause pour une durée indéterminée. En parallèle, les demandes de récupération de chambres à air affluent – parfois en tonnes – et on ne peut malheureusement pas les accepter.
Pour ne pas proposer du déjà-vu, il faut soit créer de nouvelles matières, soit être à l’affut des nouvelles matières et solutions pour faire de la mode avec nos déchets. Cette année, je trouve enfin ce que je cherchais depuis plusieurs années : un textile solide réalisé à partir des vêtements en fin de vie. De la mode qui redevient de la mode. Ca fait sens! Je l’ai appelé le Granito de part sa texture.
Le premier sac en Granito voit le jour et, comme à nos débuts 7 ans plutôt, il y a un grand travail de communication à faire auprès de notre public. C’est une matière qui n’est pas connue et qui intrigue. Mais j’en suis amoureuse. Elle est colorée, chaleureuse et réconfortante. Exactement ce dont nos esprits ont besoin en « post » covid !
En parallèle, je décide d’arrêter mon activité de batteuse-chanteuse dans le groupe de musique que je portais pourtant corps et âme depuis 10 ans. La Magie et l’Amour n’y est plus partagée, cela n’a donc plus de sens.Comme l’année 2020 m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas miser sur une seule activité, j’en entreprends une nouvelle, tout à fait compatible avec FANTOME, et réalise par la même occasion un rêve de gosse : monter une pension pour chats. Cela me permet d’assurer quelques finances, au cas où la conjoncture continue à faire des siennes.
Michèle souhaite lever le pied, la retraite pointe son bout du nez ! Je prévois la logistique du déménagement de l’atelier chez moi.
MAIS
Un check up de santé va faire basculer nos vies. Michèle a un cancer et il est très vilain. On ralenti le travail. On s’épaule. On vie à 100% ce qui sera ses derniers mois.
Michèle était la plus discrète dans l’équipe FANTOME mais également celle qui était toujours là. Comme un phare. Même dans le noir le plus complet, il est là. On sait qu’il est là. Il ne bouge pas et apportera la lumière. Ce qui devait être un départ à la retraite tranquille est finalement une épreuve prématurée et fulgurante. L’atelier est dans les cartons, le vide est immense.
Alors même que j’ai du mal à traverser cette tempête sans lumière, une autre, tout autant personnelle, ne me laisse aucun répit. La personne avec qui je partageais ma vie depuis 17 ans me demande de partir et de quitter ce que je pensais être mon chez moi.
Je n’ai plus de mère, plus de binôme à l’atelier, plus d’atelier, plus de chez moi, plus de conjoint et plus de pension pour chats (activité que j’avais installée chez moi).
à 36 ans, je retourne vivre chez papa !
D’une affaire familiale à 4 nous n’étions déjà plus que la moitié. Charles occupe le temps et l’esprit en redoublant d’efforts à la boutique et je vais lui prêter main forte, ce qui fait du bien à ma santé mentale. Mon énergie est loin d’être au beau fixe. La conjoncture fait peur. Le deuil à porter est lourd. La mémoire de ce que nous avons accompli jusque là aussi. Je suis amorphe et angoissée.
Traiter la peur par la peur : après un saut en parachute, je décide de continuer.
Sans ma mère, je ne me vois pas continuer la collection en chambre à air. Elle aura emporté cette spécificité de FANTOME avec elle. Chaque sac et chaque accessoire réalisé en chambre à air passait entre ses mains, elle détenait les secrets de confection de certains modèles. Je ne veux pas continuer ces modèles sans elle et je ne veux pas la remplacer. Tout ce noir caractéristique de la chambre à air est trop dense. J’ai envie de couleurs, de chaleur, de douceur. Je veux que cette année difficile s’évapore. C’est la fin de la collection en chambre à air de vélo.
Pour continuer FANTOME et le reste, je dois trouver un lieu. Un chez moi. Un futur atelier FANTOME. Une future pension pour chats. En attendant, il a beaucoup à faire entre FANTOME et la boutique w.a.n. . Je m’habille chaudement et continue le développement de la collection de sacs et accessoires en Granito dans le garage non chauffé et non isolé. Je dessine la prochaine collection de chaussettes FANTOME dans mon ancienne chambre d’ado. Afin de dynamiser les ventes de la boutique w.a.n., je prends le relai sur le site de vente en ligne de la boutique bordelaise et dynamise les pages de réseaux sociaux.
Grâce au soutien PUISSANT de mon père je puise de la force et les efforts paient : le 30 décembre, je trouve enfin le nouveau lieu où je vais pouvoir tout reconstruire.
– FANTOME s’habille d’une nouvelle identité visuelle pour mettre en avant la nouvelle collection en Granito et les nouvelles collections de chaussettes. Les modèles sont de beaux fantômes, des costumes entièrement réalisés avec de la récup, par mes soins. On ne lâche rien !
– Emménagement dans les Yvelines, dans THE nouveau lieu. Bye bye la région bordelaise.
Quelques semaines d’agencement plus tard et quelques salons à travers la France, voilà FANTOME installé. L’atelier est tout petit, mais tout cosy, et chaleureux. Tout y est à sa place et il y règne que des bonnes ondes ! Je continue de travailler pour la boutique à distance (web) et ouvre la nouvelle pension pour chats. La conjoncture n’aide pas les ventes FANTOME et la « pause » pourtant nécessaire à la reconstruction de FANTOME n’apporte pas une bonne dynamique d’une marque . Je m’adapte et développe les nouveaux modèles en prenant en compte le budget plus réduit de ma clientèle.
De l’encrage ! Dès janvier je vais intégrer le collectif de 25 créateurs locaux de ma ville. Avec FANTOME je me référence en tant qu’artisane afin de participer aux futurs salons des métiers d’art et de l’artisanat. Si les conditions le permettent je devrais même pouvoir ouvrir mon atelier aux visites, deux fois dans l’année.
Je continue sur ma lancée : créer de l’inédit et rester sur un concentré d’engagement, un concentré d’émotions, un concentré de combats, un concentré d’espoirs, un concentré de Do It Yourself, qui se racontera toujours avec le cœur.
Je n’ai aucun souhait d’expansion, bien au contraire. Slow. Faire avec ce que nous avons. Et ne pas faire de plans sur la comète.
La logique voudrait que l’équipe se réduise même! La retraite pointe également son bout du nez du côté de Charles.
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